Le noeud c’est le temps concentré mais aussi le temps de libre imagination. Comme une marcheuse silencieuse qui avance, portant dans sa tête un paysage immense, primitif, et dont chaque pas forme des points. Ils deviennent une ligne, et des lignes un espace, une nature et une histoire aussi. J’y vois une affinité sans limites avec l’écriture, le travail physique de l’écriture, naissance d’un univers.
Ce qui m’étonne toujours dans le travail de Kim Sang Lan, c’est la rencontre des contraires de la matière, ce désir d’embrasser harmonieusement ceux qui s’opposent. Le fil de fer noué minutieusement dans le temps se déploie, exprimant une tendresse informe, crée la mer ou la voie lactée ou encore cette incommensurable cime de montagne qui apparaît et disparaît au jeu de soleil dans le désert. Oui, Kim Sang lan porte en elle cette immense force de la nature.
De même la fragilité et flexibilité du papier de riz enfante des “susok”, ces pierres d’eau, qui, après avoir roulé au fil du temps selon les caprices dramatiques du lit de la rivière, se reposent en une forme ou figure hasardeuse.
1997